Poussières (sauf amiante) : risques et mesures de prévention

Le risque lié aux poussières, présent pour tous les métiers du BTP, est parfois ignoré car il n’est pas forcément visible et n’impacte pas immédiatement la santé. Pourtant, travailler en présence de poussières peut présenter, en plus d’un inconfort immédiat, des risques pour votre santé et celle de vos salariés. Alors, identifiez ce risque, évaluez-le et adoptez les bons réflexes !

Situations de travail présentant un risque lié aux poussières

Certains travaux sur chantier ou en atelier génèrent des poussières composées de différents éléments (sable, ciment, calcaire, métal, bois…) dont certains peuvent nuire à la santé.

Poussières de bois : menuisiers, charpentiers, peintres

  • Découpe et usinage du bois.
  • Travaux préparatoires de surface.
  • Opérations de nettoyage de chantier ou d’atelier de menuiserie.

Poussières de silice cristalline : maçons, carreleurs, métiers des travaux publics, métiers de la pierre, peintres, ravaleurs, électriciens, couvreurs

  • Travaux de terrassement.
  • Travaux de démolition et rénovation.
  • Décapage de façades ou de chaussées.
  • Sablage et ponçage de béton.
  • Mise en œuvre ou retrait de matériaux (concassé, ballast…).
  • Découpe de carrelages, ardoises, briques, tuiles, parpaings, bordures, enrobés, pierres siliceuses (grès, ardoise, granit…).
  • Confection de béton, mortier, ragréage, mortier colle, enduits d’intérieur ou de façade.
  • Ponçage de béton, mortier, ragréage, mortier colle, enduits d’intérieurs ou de façade, pierres…
  • Opérations de nettoyage de chantier.

Poussières métalliques : serruriers, métalliers

  • Sciage, meulage, ponçage, ébarbage de métaux.
  • Dégradation des disques abrasifs.

Poussières de plâtre : plâtriers, plaquistes

  • Confection de plâtre.
  • Ponçage des plâtres d'intérieur.
  • Découpe, sciage et ajustage de plaques de plâtre.
  • Opérations de nettoyage de chantier.

Poussières de ciment et de chaux : maçons, carreleurs

  • Travaux de démolition et de rénovation.
  • Confection de béton, mortier, ragréage, enduit, badigeon à base de chaux.
  • Travaux de sablage ou de ponçage de béton, maçonneries, mortier...
  • Opérations de nettoyage de chantier.

Fibres d'isolants (laine de verre ou de roche) : plâtriers plaquistes

  • Découpe et pose ou dépose de laine de roche, laine de verre, isolant synthétique en plaque, etc.
  • Projection et ponçage de mousse polyuréthanne, isolants soufflés.
Risque poussières et risques pour la santé

Plusieurs modes de pénétration existent, entraînant les possibles effets suivants sur la santé.

  • Voie respiratoire : gêne respiratoire, toux irritative, irritations et lésions au niveau du nez (rhinites, sinusite, perforations de la cloison nasale…) et des bronches (bronchite), allergies respiratoires (asthme), maladies respiratoires (silicose, sidérose, fibrose pulmonaire…), cancer au niveau du poumon et de la plèvre, cancer naso-sinusiens.
  • Voie cutanée : irritations, démangeaisons, brûlures, eczéma effets cancérogènes à long terme.
  • Voie digestive : irritations de la gorge, intoxications, brûlures, effets cancérogènes à long terme.
  • Yeux : irritations, larmoiements.

Les maladies professionnelles liées aux poussières de bois sont reconnues au titre du tableau 47 et celles liées à la silice cristalline au tableau 25 par le régime général de la sécurité sociale.

Important !
Les poussières combustibles, telles que les poussières de bois et les poussières métalliques, sont susceptibles de provoquer une explosion lorsqu’elles sont mises en suspension sous forme de nuage, en concentration suffisante et dans un espace fermé au contact d’une source d’énergie (étincelle, électricité statique, surface chaude…).

Ces maladies peuvent se déclarer jusqu'à 30 ans après l'exposition.

Risques liés aux poussières : obligations réglementaires

En tant que chef d'entreprise, vous devez :

  • évaluer le risque dans son entreprise et mettre en place des mesures de prévention (Document unique),
  • réduire le risque (utiliser des produits moins émissifs et/ou moins dangereux),
  • privilégier toujours les moyens de protection collective (aspiration à la source, travail à l'humide) aux équipements de protection individuelle (EPI),
  • respecter les Valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) en vigueur,
  • procéder à des mesurages réguliers du niveau d’empoussièrement au poste de travail en faisant appel à un organisme accrédité,
  • assurer le suivi médical de vos salariés exposés aux poussières,
  • informer et former vos salariés aux travaux provoquant des émissions de poussières et aux mesures de prévention à adopter,
  • remettre une attestation d'exposition aux salariés qui quittent l'entreprise et ayant été exposés aux agents chimiques dangereux y compris les agents CMR dont les poussières et les fumées (pour les expositions antérieures au 1er février 2012).

Les valeurs limites d'exposition professionnelles (sur 8 heures)

Les VLEP des poussières de bois, du plomb et de la silice cristalline sont des VLEP contraignantes qui ne doivent jamais être dépassées. En cas de dépassement, le chef d’entreprise doit arrêter le travail aux postes concernés jusqu’à la mise en place de mesures de protection adaptées. Les autres VLEP sont indicatives et permettent de fixer un objectif à atteindre dans le cadre de la démarche de prévention mise en place par le chef d’entreprise.

Les poussières de bois et les procédés de travail générant des poussières de silice cristalline sont classés cancérogènes ce qui implique le respect de règles spécifiques aux agents CMR telles que le suivi individuel renforcé.

Risque poussières : mesures de prévention et bonnes pratiques

Les bonnes pratiques à mettre en place dans votre entreprise

  • S’organiser pour réduire le nombre de salariés exposés ainsi que leur temps d’exposition grâce aux rotations de postes.
  • Réfléchir à l’aménagement de votre atelier ou chantier et privilégier l’isolement des postes polluants et la restriction de l’accès à ces zones.
  • Faire évoluer vos pratiques en privilégiant le travail à l’humide et l’aspiration à la source. Le travail à sec doit être évité dans la mesure du possible (bois non concerné).
  • Prévoir des équipements de protection individuelle (EPI) pour vos salariés lorsque vous ne pouvez pas mettre en place des moyens de protection collective ou si les mesures collectives sont insuffisantes pour limiter l’exposition.

Sur chantier

  • Privilégier des produits moins émissifs et/ou moins dangereux (sacs d’enduit ou ciment sans poussières, isolants en laine de verre recyclée).
  • Éviter les découpes sur chantier en utilisant des éléments prêts à poser ou en anticipant les découpes en atelier (isolants, bordures…).
  • Utiliser des engins climatisés permettant de travailler cabine fermée.
  • Assurer l’aération de la zone de travail sur les chantiers en intérieur.

Et préférez les outils à main (carrelette, scie, cisaille, ciseaux + massette, ciseaux à bois…) et choisissez vos outils électroportatifs en privilégiant ceux :

  • à vitesse lente qui produisent moins de poussières,
  • munis d’un système intégré de captage des poussières, reliés à un aspirateur équipé de filtres adaptés,
  • ou munis d’un système d’arrosage (tronçonneuse à eau, carotteuse à eau…).

En atelier

  • Utiliser des machines robotisées avec arrosage des découpes (exemple de débiteuses pour la taille de pierre) – bois non concerné.
  • Relier les machines fixes à un système d’aspiration centralisé.
  • Installer des hottes aspirantes, tables aspirantes, bras aspirants, etc., équipés de filtres adaptés.
  • Dans la mesure du possible, encoffrer les machines.
  • Assurer l’aération de votre atelier avec une ventilation générale.
  • Proscrire l’utilisation de la soufflette ainsi que le balayage qui remettent les poussières en suspension.
  • Placer les déchets de poussières dans des sacs fermés hermétiquement et entreposer-les en extérieur.

Protection respiratoire

Lorsque les dispositifs de protection collective ne permettent pas de diminuer suffisamment le niveau d’empoussièrement ou ne peuvent pas être mis en place, vous devez mettre à disposition de vos salariés et de vous-même une protection respiratoire. Cette protection respiratoire doit être équipée de filtres de classe P2 minimum et obligatoirement P3 pour les activités génératrices de poussières de silice ou de bois durs.

Règles d'hygiène

  • Se laver les mains au savon avant le repas.
  • Ne pas manger, boire ou fumer sur le lieu de travail.
  • Se doucher et se savonner en fin de poste.
  • Ranger et laver les vêtements de travail séparément des autres vêtements.
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Tous les outils pour vous aider en prévention sur le risque poussières (sauf amiante)