Une maladie professionnelle est une altération lente de la santé sous l'effet répété d'émanations de certaines substances ou la répétition de certains mouvements subi ou effectué habituellement par le salarié. C'est cette caractéristique qui la distingue d'un accident du travail, qui, lui, a un caractère soudain.
Pour être reconnue comme professionnelle et donner lieu à réparation, une maladie doit :
Les Troubles musculo-squelettiques (TMS) sont les principales maladies professionnelles dans les entreprises artisanales du BTP. Ils regroupent les douleurs articulaires, coiffe des rotateurs à l’épaule, lésion du ménisque, lombalgies, tendinites, syndrome du canal carpien.
Pour qu'une affection soit prise en charge, plusieurs conditions doivent être réunies.
Les conditions peuvent être assouplies dans les cas suivants.
Les textes n'exigent pas que le travail habituel soit la cause unique et essentielle de la maladie. Cela induit une prise en charge même si son origine est multifactorielle (issue d'une exposition à un produit chimique dans le cadre du travail de la victime et de son passé de fumeur).
Les maladies figurant dans un tableau sont présumées d'origine professionnelle, ce qui signifie que le salarié n'a pas à prouver le lien de cause à effet entre l'affection dont il est atteint et son travail. Par conséquent, en cas de contestation par le chef d'entreprise, c'est à lui que revient le droit de démontrer l'origine non professionnelle de la maladie ou que le travail n'a joué aucun rôle dans le développement de la maladie.
Elle est réalisée par la victime, ou ses ayant droits, et transmise à la CPAM dans un délai de 15 jours après la cessation du travail ou la constatation de la maladie à l’aide du "Formulaire de déclaration de maladie professionnelle".
La déclaration de maladie professionnelle établie par la victime doit être accompagnée d’un certificat médical initial. Ce certificat médical établi par le médecin précise la nature de la maladie, les manifestations constatées imputables au risque professionnel, les suites probables. C’est un certificat en 4 exemplaires, dont un exemplaire est à remettre au chef d'entreprise.
À la suite de la réception du certificat médical initial, le chef d'entreprise peut émettre des réserves vis-à-vis de sa responsabilité en tant qu'employeur sur la maladie professionnelle déclarée.
S'il y a des réserves, elles doivent impérativement être motivées. La simple mention de « réserves » ne donnera pas lieu à des investigations auprès de l’employeur. De plus, les réserves ne sont plus recevables dès l’instant que la caisse a notifié sa décision, c’est à dire qu’elle a reconnu le caractère professionnel de la maladie.
ATTENTION
Il n'est pas question à travers ces réserves de nier la maladie en tant que telle, mais de dégager sa responsabilité (cause étrangère au travail, cause étrangère à l'entreprise...).
La caisse ouvre systématiquement une enquête administrative et médicale dans le cadre d’une déclaration de maladie professionnelle. L’enquêteur doit recueillir les informations suivantes : description du poste de travail de la victime, des différentes tâches effectuées, désignation des nuisances auxquelles est exposée la personne qui a effectué la déclaration de maladie professionnelle.
Même si le déplacement d'un enquêteur est possible, le plus souvent, l'enquête s'effectue via un questionnaire envoyé à la victime et au chef d'entreprise.
La caisse dispose d’un délai de 4 mois à compter de la date de réception de la déclaration de maladie professionnelle pour statuer sur le caractère professionnel de la maladie et rendre sa décision. Ce délai peut être complété d’un autre délai de 4 mois, lorsqu’il y a nécessité d’examen ou d’enquête complémentaire. Dans ce cas, la caisse en informe la victime ou ses ayant droit et l’employeur par lettre recommandée avec AR.
La caisse tient le salarié et l’employeur informés de ses investigations : 10 jours avant de prendre sa décision, elle doit communiquer l’information sur les éléments recueillis et informer sur la possibilité de consulter le dossier.
L’absence de réponse de la caisse au bout de 4 mois équivaut à un accord de la caisse. Toute décision de rejet de la maladie au titre des maladies professionnelles est adressée par lettre recommandée avec accusé de réception à la victime, ses ayants droits et au chef d'entreprise.
Après reconnaissance d’une maladie professionnelle, la victime perçoit :
Les indemnités journalières sont versées à partir du premier jour qui suit l’arrêt, c’est-à-dire sans délai de carence, et pendant toute la durée de l’arrêt de travail. Le médecin établit ensuite un certificat final descriptif indiquant :
En cas de séquelles, la reconnaissance d'une maladie professionnelle peut avoir une incidence sur sa capacité à réaliser certaines tâches. Le médecin du travail peut, en effet, émettre des restrictions d'aptitude voire une inaptitude au poste jusqu'à présent occupé. Cela déclenche une procédure de reclassement au sein de l'entreprise sur les critères fixés par le médecin du Travail.
La victime est atteinte d’une incapacité permanente partielle (IPP). Le médecin conseil de la CPAM fixe éventuellement une rente d’IPP au salarié. L’attribution de cette rente ne peut se faire que lorsque la victime est déclarée consolidée et elle est payée à vie.
La reconnaissance d'une maladie professionnelle au sein de l'entreprise peut entraîner des conséquences non négligeables tant d'un point de vue organisationnel, juridique ou encore financier. Absentéisme juridique (faute inexcusable : paiement d’une cotisation complémentaire au titre de la majoration de la rente, dommages et intérêts).